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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/98

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d’une telle mobilité que je crus alors y lire une émotion. Je pensai : On l’a saluée ou on a fait un signe de connaissance. Mais d’un coup le regard reprit son mouvement vers la porte, plus vite que tout à l’heure. À la vue de Rubbia on se sauvait peut-être ? Je ne verrais rien…

Cependant les lèvres de ma maîtresse avaient pâli. Signe de quoi ? On n’a jamais, que je sache, enregistré cette marque d’émotion. Elle se manifestait clairement sous ma vue, aiguisée, rehaussée par une lumière éblouissante qui ne laissait aucune ombre voiler les visages et les gestes.

Doucement, et sans sembler y attacher aucune importance, je tournai alors la tête vers la porte pour y saisir le personnage qui allait passer, le mystérieux être dont la vue émouvait ma compagne. En même temps, afin de détourner l’attention aiguë de Rubbia, je tendais la main vers mon verre de champagne. J’encastrai aussitôt dans mes rétines le rectangle ouvert devant lequel un maître d’hôtel en frac se tenait debout, et