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Page:Le bon sens ou Idées naturelles opposées aux idées surnaturelles - 1772.pdf/20

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qoit de le rassurer. Le Superstitieux veut avoir peur, son imagination le demande ; on diroit qu’il ne craint rien tant que de n’avoir rien à craindre.

Les hommes sont des malades imaginaires, que des charlatans intéressés ont soin d’entre tenir dans leur folie, afin d’avoir le débit de leurs remedes. Les medecins qui ordonnent un grand nombre de remedes sont bien plus écoutés, que ceux qui recommandent un bon régime, ou qui laissent agir la nature.

§ 12. Si la Religion étoit claire, elle auroit bien moins d’attrait pour les ignorants. Il leur faut de l’obscurité, des mystéres, des frayeurs, des fables, des prodiges, des choses incroyables qui fassent perpétuellement travailler leurs cerveaux. Les Romans, les contes bleus, les récits des revenants & des sorciers ont bien plus de charmes pour les esprits vulgaires, que les histoires véritables.

§ 13. En matiere de Religion les hommes ne sont que de grands ensants. Plus une Religion est absurde & remplie de merveilles, plus elle acquiert de droits sur eux ; le dévot se croit obligé de ne mettre aucun terme à sa crédulité, plus les choses sont inconcevables, plus elles lui paroissent divines ; plus elles sont incroyables, & plus il s’imagine qu’il y a pour lui de mérite à les croire.