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Page:Le poisson d'or.djvu/52

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LE POISSON D’OR

bres qui marchaient lentement côte à côte. Je reconnus d’un coup d’œil la taille élancée du mousse et la carrure du patron.

Vincent et Seveno causaient. Le sable étouffait le bruit de mes pas. Je pus les approcher d’assez près pour entendre ce lambeau de leur conversation :

— L’enfant, disait le patron doucement, tu n’as plus Madame ta mère à soutenir, et tu es trop jeune pour aimer l’argent pour l’argent.

— Il me faut douze mille francs, répondit le mousse d’un ton ferme.

— Crois-tu donc à cette bête d’histoire du poisson d’or ?

— J’y crois.

Seveno s’arrêta.

— Monsieur Vincent, dit-il tout à coup avec une gravité qui me frappa vivement, vous êtes le fils de mes maîtres. Ce qui est mort peut ressusciter. Si vous me dites : Je veux, j’obéirai.

— Je veux, prononça résolument le jeune homme, je veux savoir au juste quelle boîte ceux qui tentèrent cette pêche accrochèrent à leur hameçon.

Le patron répondit, après une courte hésitation :

— Je l’ai ouï dire par plus de cent, et toujours de la même manière. On a le choix entre deux boîtes dont l’emploi est pareillement un péché mortel.

— La première ? fit Vincent avec impatience.

— La première est un morceau de la Sainte Hostie.

Vincent recula de plusieurs pas et prononça d’une voix pleine d’horreur :

— Jamais ! ah ! jamais !

Puis il demanda :

— Et la seconde !