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Page:Le poisson d'or.djvu/56

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53
LE POISSON D’OR


III


M. le comte de Corbière demanda cinq minutes pour souffler. La marquise se montrait très sobre de ces permissions, son opinion étant que, dans un récit, les points sont un luxe et les virgules une prodigalité condamnable ; néanmoins, comme Son Excellence fit observer que la Cour, au temps où il plaidait, et la Chambre, depuis qu’il gouvernait, l’avaient habitué à ces cinq minutes de grâce, Mme la marquise crut devoir céder.

Dans le salon, des conversations murmurantes s’établirent aussitôt. L’intérêt avait peut-être tardé à venir ; mais il était venu, plus vif que si le récit eût été combiné selon l’art du romancier. Sous le conte à dormir debout, comme l’avait tiré son auteur lui-même, on voyait poindre l’action réelle et d’autant plus dramatique qu’elle était la vérité vraie. La présence de Mme la comtesse douairière de Chédéglise était ici comme un vivant contrôle et comme un gage d’authenticité irrécusable.

Ceux qui ne savaient pas profitèrent de cet instant