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Page:Le poisson d'or.djvu/57

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LE POISSON D’OR

de vacance pour demander à ceux qui savaient l’explication de certains termes maritimes ou populaires un peu trop abondants dans la bouche de Seveno. Quelqu’un donna les origines matelotesque du fameux cric crac. À bord, pendant les nuits de calme, le conteur du gaillard d’avant est spécialement chargé d’éloigner le sommeil qui rôde autour de la bordée. Quand il voit faiblir une ou plusieurs paupières, il lance l’interjection : Cric ! tout le monde, sans exception, doit aussitôt répondre Crac ! Ce serait trop peu ; à la rigueur, on peut prononcer en dormant ces monosyllabes aussi la formule a-t-elle deux autres rimes qui varient et dont la richesse est généralement médiocre.

Combien serait utile une pareille mécanique à certains professeurs en Sorbonne, ainsi qu’à certains orateurs parlementaires !

La belle duchesse, toujours pressée de savoir, s’était emparée de la douairière de Chédéglise.

— Dites-moi bien vite, chère comtesse, supplia-t-elle, si feu M. le comte s’appelait Vincent de son petit nom ?

La comtesse souriait déjà pour répondre, lorsque la redoutable marquise, fantôme de la loi, se dressa entre deux et rendit cet arrêt :

— Ma nièce, n’anticipez pas ! vous tuez ainsi l’intérêt dans son germe.

– Mesdames, reprenait en ce moment M. de Corbière, voici que tout est dit, à peu de chose près, sur mon voyage de Lorient. Dès le lendemain, je m’enfermais dans ma chambre, à l’hôtel de France, pour étudier sérieusement l’affaire. Je suivis aussi les audiences du tribunal, afin de prendre langue auprès de mes confrères du barreau de Lorient. Ces deux épreuves