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Page:Le poisson d'or.djvu/75

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LE POISSON D’OR

J’avais pensé à ce bon garçon tant et tant de fois depuis un an, qu’il était pour moi comme une connaissance intime. Il ne pouvait pas deviner cela, aussi tomba-t-il de son haut quand je lui tendis familièrement la main. En vérité, il n’osait pas toucher la mienne.

— Eh bien, Vincent, eh bien, lui dis-je, qu’y avait-il dans le ventre du poisson d’or ?

Il recula d’un pas et fixa sur moi son œil presque hagard. Il avait certes, une opinion fort exagérée des mérites de M. l’avocat, mais, pourtant, il ne le croyait pas si sorcier que cela. Je fus obligé de lui dire en deux mots le hasard qui m’avait rendu maître de son secret.

— J’ai bien étudié depuis un an, murmura-t-il d’un air sérieux et modeste. Je suis encore un ignorant, mais je n’irai plus maintenant au Trou-Tonnerre.

Il avait donc été au Trou-Tonnerre.

Ma mère et Goton venaient de partir. Nous étions seuls. Je rapprochai mon siège vivement.

Vincent eut, ma foi, un sourire. C’est étonnant comme il s’était formé !

— Voyons m’écriai-je, moquez-vous de moi tant que vous voudrez, mais racontez-moi l’histoire !

— Me moquer de M. l’avocat ! répartit Vincent avec une sorte d’effroi.

Il ajouta en baissant la voix :

— Faudrait n’avoir jamais parlé avec M. Keroulaz ni avec Mlle Jeanne !

— L’histoire, Vincent, l’histoire !… Allâtes-vous la nuit même de la bénédiction des couraux ?

— Puisqu’il ne sert de rien d’aller les autres nuits…

— Et la boîte ?…

— Oh ! répliqua-t-il en rougissant, j’avais mon idée pour la boîte.