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Page:Le vol sans battement.pdf/50

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LE VOL SANS BATTEMENT

« Dedans, le bâtiment craque, gémit comme une bête surmenée. Il faut se tenir aux rebords de sa couchette pour ne pas tomber.

« En haut, les hommes ont leurs grosses bottes et leurs vêtements de toile-cirée. Les officiers étudient anxieusement les convulsions de la grande tourmentée, sans peur assurément, mais avec cette tristesse fatale qui est le propre des gens de mer.

« Pas un bout de toile aux mâts !

« La cheminée blanchie par le sel fume comme une enragée : il faut pouvoir résister à ce vent debout qui retarde la marche. Et tout danse, et tout hurle, mâts, vergues et cordages. D’énormes paquets de mer embarquent à chaque instant.

« Que l’homme est petit devant la tempête !

« Et entre deux embruns, ce démon d’oiseau filant gaiement sans effort, gracieusement même, sur cette écume rugissante ; s’élevant avec la montagne d’eau, et, arrivé au sommet, redescendant ses pentes, explorant ses vallées, se perdant dans ses dépressions. Puis au loin, on le voit reparaître, devant la crête d’une vague monstrueuse qui crève avec un bruit de tonnerre, et ce spectacle terrifiant n’est pour lui qu’un sujet de joie, car c’est le flot qui apporte et étale devant lui les animalcules marins dont il se nourrit… »

C’est en Algérie, près de sa ferme, à l’orée de l’immense plaine de la Mitidja, que l’observateur d’oiseaux, se faisant inventeur, veut réaliser son rêve. Il entreprend la construction méthodique d’un aéroplane : « Il s’agit, dit-il, d’imiter ce que nous avons vu et ce qui nous a été démontré ». Quelles furent les diverses phases de ce travail difficile, Mouillard ne le fera pas connaître. « Je laisse le côté anecdotique, qui a cepen-