Aller au contenu

Page:Le vol sans battement.pdf/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
LE VOL SANS BATTEMENT

Nous avons souligné le passage le plus essentiel de cette longue missive où mille idées se pressent. Sans doute le lecteur n’a pu le lire sans tressaillir.

Ainsi donc Mouillard, bien avant le 20 novembre 1890, date de cette lettre, avait inventé le gauchissement, et, circonstance merveilleuse, qui montre combien il avait raison de considérer la nature comme son meilleur maître, c’est l’observation de l’oiseau en plein vol qui lui avait permis de faire cette découverte. La découverte, disons-nous, non seulement était réalisée le 20 novembre 1890, mais est même bien antérieure à cette date. Nous l’estimons ainsi en nous basant sur l’application que Mouillard en a faite.

« J’ai reproduit cet effet plusieurs fois et par plusieurs moyens différents », écrit-il.

De telles expériences ne s’improvisent pas. Donc au moment de la lettre à Chanute, la découverte était faite depuis plusieurs mois, peut-être depuis plusieurs années.

Quant à l’originalité de cette invention, le lecteur l’a comprise. Mouillard a soin d’insister lui-même sur la nouveauté absolue de sa proposition. Au début de sa démonstration il en annonce l’importance à Chanute en lui disant : « Comme vous avez été assez bon pour me gratifier d’une idée que, hélas ! je n’ai pu m’assimiler, je vais à mon tour compléter ce point de la direction horizontale qui est tout à fait incomplet. »

C’est la première fois que Mouillard fait connaître ce résultat nouveau. Dans l’Empire de l’Air, il avait parlé de la torsion des ailes, mais non du gauchissement. Torsion pour lui, voulait dire relèvement de bas en haut. Le passage où l’auteur décrit l’allure des plumes du vautour oricou ne laissait aucun doute à ce point de vue :

« L’avant de l’aile quand l’oiseau est en marche,