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Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/256

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J’étais profondément et bêtement humilié. Étroitesse d’esprit ! Ce grand et beau garçon au visage ouvert ne valait-il pas le pitoyable personnage dont il avait tenu le rôle ?

Après le repas je profitai des allées et venues pour m’esquiver.

La femme de chambre, qui m’aidait à mettre mon pardessus, me dit à l’oreille :

— Demain, Hippolyte et moi, nous ferons une promenade en automobile, pendant que les maîtres seront aux thermes. Si le cœur en dit à Monsieur…

Je me retournai. C’était ma compagne de voyage, celle dont l’âme avait vibré à l’unisson de la mienne, la grande dame dont je me réjouissais d’exposer le portrait au prochain Salon.

Furieux, je lui arrachai ma canne des mains et m’enfuis.

Maurice LEBLANC.