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Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/308

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Archain, et d’ouvrir telle case mystérieuse d’où s’échappent des trésors toujours renouvelés, des pierres précieuses, des diamants, des perles, de l’or, toujours de l’or ?…

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L’été dernier je fis au Bois, à la suite d’incidents qu’il est inutile de raconter, la connaissance d’un jeune homme dont j’avais souvent remarqué la présence aux environs de la porte de Madrid, sur les bords ombreux du petit lac.

Il était chétif, voûté et d’une pâleur extraordinaire. Il marchait péniblement. Son cœur, me dit-il, s’arrêtait parfois de battre durant dix ou quinze secondes, puis repartait avec une telle violence qu’il en était ébranlé.

Je ne le vis jamais que seul. D’ailleurs, je sus par lui qu’il vivait dans une solitude presque complète, et, sauf deux heures de sortie quotidienne, étendu dans sa chambre, sur une chaise-longue, parmi ses livres et ses papiers.

Son nom, sa situation sociale, sa demeure, je les ignorais. Il n’inspirait d’ailleurs aucune curiosité frivole, par cela seul qu’il était lui-même l’être le plus intéressant que l’on pût rencontrer. Esprit original et brillant, intelligence subtile et profonde, sachant tout, ayant tout lu, il avait une conversation grave, lourde d’idées, qui vous rendait désireux de savoir davantage et de mieux penser.

Et il arriva qu’un jour, tandis que nous causions, mon ami inconnu se trouva mal. Une voiture passait. Avec l’aide du cocher je l’y installai, et, prenant dans son carnet une carte de visite, je donnai son adresse : avenue du Roule, à Neuilly.

Maxime Arnould — ainsi se nommait-il — habitait un rez-de-chaussée, au fond d’un jardin. Transporté sur son lit,