Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/407

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Comme il fut facile de le constater, cette voiture avait échoué la veille avant la marée montante, et la mer l’avait recouverte durant la nuit. De fait, on apprit qu’elle avait passé vers quatre heures du soir à Genêt, sur la côte normande, et qu’elle s’était engagée à travers les sables malgré les représentations de l’hôtelier. Une dame la conduisait, accompagnée de deux messieurs.

C’était une Gradivelle 12 chevaux.

Vanier l’avait vendue au directeur d’un garage de Lille, lequel, deux semaines après, la revendait à un Américain de passage en France.

Qu’était devenu cet Américain ? Qu’étaient devenus les trois voyageurs du Mont-Saint-Michel ? On ne parvint pas à le savoir.

En avril dernier se tint l’assemblée générale des actionnaires de la maison Gradivelle et Cie. Ils étaient au nombre de douze. Le président ouvrit la séance et s’exprima en ces termes :

« Avant d’entrer dans des détails plus précis sur l’état prospère de notre maison, je veux remercier et féliciter notre directeur, M. Varnier, de l’initiative intelligente qu’il a prise. Vous vous rappelez qu’à notre dernière assemblée son projet ne nous avait qu’à moitié souri, mais que, cependant, nous lui avions laissé carte blanche. L’événement lui a donné pleinement raison.

« Il a donc organisé le triple accident de Saint-Omer, des gorges du Var et du Mont-Saint-Michel, et il a tout réglé avec une telle adresse, une telle précision, tant de prévoyance et de logique, que personne n’a même entrevu la plus petite parcelle de vérité. La justice impuissante, a dû classer ces trois affaires.