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Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/406

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Six semaines plus tard, des membres du Club Alpin Niçois excursionnaient dans les gorges du Var. Soudain l’un d’eux poussa un cri. Ses camarades accoururent. Au fond du défilé sauvage de l’Échaudan on apercevait les débris d’une automobile.

Ils descendirent, à travers les rochers, jusqu’au lit du torrent. Un sentiment d’angoisse profonde les étreignait : trouveraient-ils des victimes ?

Après quelques minutes d’investigations, il furent rassurés. Il n’y avait ni blessés, ni cadavres sur les pentes de l’abîme.

Ils prirent le nom et le numéro de la voiture. C’était une Gradivelle, numéro 810. Le nom du propriétaire n’y était pas inscrit.

L’enquête aussitôt commencée établit que, l’avant-veille, une automobile venant de Nice avec trois voyageurs avait fait le tour de Roquesteron et traversé Pugel-Théniers, Touët-de-Beuil et Malaussène. À partir de là, aucun renseignement. Il était hors de doute qu’elle n’avait point passé à Saint-Martin-du-Var.

Soit. Mais les trois voyageurs ? Pas plus que la première fois l’enquête ne donna de résultat. Après examen de ses livres, Varnier, le directeur des Gradivelle, répondit que le numéro 810 avait été vendu à un monsieur Samoin, également de passage à Paris. Varnier s’en souvenait parfaitement. C’était un grand blond, qui portait monocle et avait un accent méridional. Il se disait de Toulouse, affirma l’un des contremaîtres.

À Toulouse on retrouva les traces d’un M. Samoin. Mais il était mort depuis deux ans.

Au mois d’octobre, les habitants du Mont-Saint-Michel virent un curieux spectacle. Au pied des hauts remparts sur lesquels s’érige la merveille, apparaissait la partie supérieure d’une automobile, dont les roues et la moitié de la caisse et du moteur étaient engagées dans les sables.