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Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/462

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Le prince s’accroupit, visita le moteur, simula de minutieuses investigations.

Au bout de dix minutes, la situation n’était plus tenable, L’air semblait rempli de flammes. L’Anglais descendit, sa fille également.

Ils se réfugièrent à l’ombre d’un arbre proche.

Un coup de manivelle : le moteur ronfla. Dreux-Soubise bondit au volant. L’auto s’ébranla.

— Adieu, bonne chance, cria-t-il, avec un petit signe amical de la main.

Et les bagages ?

Bah ! c’était chose facile. Trois cents mètres plus loin, une courte halte. Un instant après, sacs, valises, couvertures et manteaux de rechange, gisaient à terre.

Le reste du voyage fut délicieux. C’était au tour du prince à rire, et vraiment il riait de bon cœur en songeant aux deux insulaires ainsi jetés par-dessus bord.

Mais il faut être pratique avant tout, et ne pas oublier qu’il est dur de gagner sa pauvre vie

Dès son arrivée à Paris, le prince accourait chez Vernou.

— Ça y est, j’ai déposé vos deux clients à l’hôtel Ritz. Quant à la jeune fille, ma foi, elle n’est pas tout à fait de mon goût. Princesse de Dreux-Soubise, non, je ne vois pas ça…

— Alors ?

— Alors, ce n’est pas un fiancé qui revient, c’est un simple chauffeur.

Vernou lui remit les vingt-cinq-louis promis.

Maurice LEBLANC.