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Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/254

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un amour

marche traînante, qu’il devait l’aimer beaucoup, l’entourer de soins et de dévouement, se faire pardonner ses torts, car l’heure grave approchait peut-être. Et de cette intuition naquit un remords cruel. Somme toute, il avait porté malheur à Marthe. Il se représenta ce qu’eût été sans lui la vie de sa maîtresse, et il lui fallut reconnaître les suites néfastes de sa propre influence. Il se jugea profondément coupable, presque criminel :

— Pauvre chère âme, dit-il, que de mal pour moi !…

Il la pressa contre lui et murmura :

— Pardon, Marthe, pardon…

Elle l’arrêta dès les premiers mots :

— Tais-toi, Jacques, la vraie coupable, c’est moi, si tu savais !

Elle ne put achever. Une toux sèche égratignait sa gorge. Ils rentrèrent.

Cette promenade préluda à une série de mois plus tranquilles où la santé de Mme Terrisse sembla s’améliorer. Elle reprit courage, tenta de nouveau la lutte, eut recours à la toilette, à la coquetterie, recouvra toute son adresse et toute son opiniâtreté. Profitant des puissants auxiliaires, que Jacques lui avait fournis en expri-