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Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/255

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un amour

mant son désespoir de père et ses remords d’amant, elle l’entretenait de leur fils sans discontinuer, et, en outre, se disait plus malade, exagérait sa faiblesse pour l’apitoyer davantage.

Cette tactique lui réussit d’abord. Puis encore Jacques se lassa. À la longue, cela l’excédait d’ergoter sur l’enfant, sur son intelligence présumée, sur les qualités et les défauts qu’on lui attribuait et, d’autre part, voyant sa maîtresse plus solide et de mine plus colorée, il flaira sa ruse. Ce procédé le froissa. Il combattit ses remords et les refoula d’autant plus aisément que son orgueil, comprimé en un moment d’humilité ridicule selon lui, se redressait et le poussait à considérer sa liaison avec Marthe comme un bienfait pour elle. Alors il recommença ses absences.

Et Mme Terrisse n’eut même plus, comme compensation, les retours affables et repentants d’autrefois. Mécontent de lui-même, il revenait maussade, agressif. Elle regretta ses accès de passion brutale.

Deux années de cette torture, augmentée par la perte de son fils, perte qu’elle estimait maintenant irréparable, enlevèrent à Marthe ses der-