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Page:Leblanc - L'Enthousiasme, 1901.djvu/247

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L’ENTHOUSIASME

terroger, car ma vie dépendait du mot que ses lèvres articuleraient.

— Viens-tu, murmurai-je ?

Elle joignit les mains.

— Mon Pascal, je t’en supplie, je t’en supplie.

Les rêves que mon désir avait élaborés demeurèrent en suspens. Que dissimulait sa prière ? Le tumulte d’un esprit éperdu, prêt à la soumission, ou bien une volonté réfléchie, mise en garde depuis longtemps contre l’entraînement des circonstances ?

J’affectai la résignation.

— Peut-être es-tu dans le vrai en refusant, notre départ ferait tant de mal aux autres… à nous-mêmes. Alors nous allons recommencer comme autrefois, les rencontres de la rue, les rendez-vous dans une chambre. Cette fois je choisirai un quartier plus au milieu, on est moins remarqué.

— Je n’irai pas, Pascal.

— Soit… séparons-nous…

Elle m’implora humblement.

— Ne dis jamais cela, mon chéri… Quand je songe que tu as voulu me quitter, que tu l’as essayé !

Sa tête s’inclina sur mon épaule.

— Ne le crois pas, ma Geneviève, je n’ai jamais eu cette idée… est-ce que j’aurais pu ? Non, j’ai voulu te faire souffrir pour que tu en aies assez de cette existence, et que tu acceptes tout plutôt qu’une séparation.

— Si tu as voulu me faire souffrir, tu as réussi… j’ai été bien malheureuse. Aie pitié maintenant,