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Page:Leblanc - La Pitié, 1912.djvu/134

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LA PITIÉ

Jacques.

Il est trop tard. (Il la relève). Voyons, sois raisonnable…

Germaine.

Non… pas encore… écoute… Eh bien, soit, j’accepte… mais tu reviendras ! Jure-moi de revenir et je te laisse. (S’animant). Tu veux bien, n’est-ce pas ?… Oh ! comme je vais me dépêcher d’être bonne ! Cette lettre de Robert, tu la voudrais ? Prends-la… ici, sur la cheminée, derrière la pendule… (Jacques prend la lettre, la déchire et la jette à terre). Tu vois, et pourtant cette lettre, j’y tenais… Quelle arme, contre Robert !… et contre toi aussi… Mais je suis décidée à tout, je me sens tellement changée déjà ! (Joyeusement, mais d’une façon inquiète, humble, navrante). Tiens, je commence, me voilà installée dans ce fauteuil, sage et tranquille. Et tes livres, tes papiers, moi qui les haïssais, tu verras comme je les soignerai… Ah ! quelle joie d’être enfin raisonnable ! mes nerfs se détendent, je deviens comme tout le monde ! Tu vois, je ne pleure même plus, pour ne pas te faire de la peine !… Alors, c’est entendu, tu reviendras ? Nous nous aimerons ? Je serai heureuse ! (Éclatant en sanglots). Oh ! non, non, tu mens… Si je te laisse partir, c’est fini Mon Dieu !… que faire ? Reste, mon Jacques chéri… (Elle referme sur elle les bras de Jacques. Il a un moment de défaillance, de douleur suprême). Reste, mon chéri.