Aller au contenu

Page:Leblanc - La Pitié, 1912.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

125
LA PITIÉ

Jacques, se dégageant et ses yeux dans les yeux de Germaine.

Tout ce qu’on peut éprouver de compassion et de tendresse pour un être, ma pauvre amie, je l’éprouve pour toi… Mais aucune force au monde, tu entends, aucune force ne peut me retenir maintenant.

Germaine.

Reste, mon chéri, ne m’abandonne pas…

Jacques, résolument.

Si j’étais assez lâche pour céder, ce serait pour un jour, pour une semaine. Demain, après-demain, tu trouverais la maison vide. Je sais cela, comme je sais que j’existe. Tu ne fais plus partie de ma vie. (Il la pousse vers un fauteuil).

Germaine, d’une voix haletante.

Jacques, c’est horrible, ta Germaine… mais c’est horrible… Ah ! je ne sais plus ce que je dis… ne t’en va pas… je ne veux pas être seule.

Jacques.

Il le faut !

Germaine, tombant assise à bout de force.

Ah ! je suis perdue… Non, non, essaye encore… quelques jours… je ne serai plus méchante, je te le jure… je ne ferai plus de mal.