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Page:Leblanc - La Pitié, 1912.djvu/97

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LA PITIÉ

Jacques, la saisissant aux épaules.

Mais comprends donc que c’est l’excès même de ta colère qui me désarme. Quand tu t’agites devant moi, toute frissonnante de haine, il m’est impossible de te regarder sans que ma gorge se serre.

Germaine, hors d’elle.

Mais pourquoi ? pourquoi ? Je te défends…

Jacques, qui s’est éloigné et le bras tendu vers elle.

Ah ! tout me navre en toi, tes gestes saccadés, tes joues pâles, ton menton… Ton menton surtout. Il se creuse de petits trous pleins de douleur… Ils vont, ils viennent, ils frissonnent comme de l’eau… Et c’est triste !…

Germaine, hors d’elle, la voix saccadée et sourde.

Assez !… tais-toi… Ah ! comment pourrais-je à mon tour ?… il faudrait… (Les yeux dans les yeux de Jacques). Écoute… j’ignore ce que je ferai… mais quelque chose sûrement… une chose que tu n’oublieras jamais, pas plus que je n’oublierai tes paroles… Tu m’as tellement humiliée… Oh ! je ne sais plus que dire !…

(Elle saisit son chapeau, s’approche de la glace, met

son vêtement, tout cela avec des mouvements fébriles

et maladroits, douloureux à voir).