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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/103

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L’ADOLESCENCE EN BRETAGNE

grand, utile et beau[1], de toutes les niaises et insignifiantes publications du jour. — Un tel ouvrage, consciencieusement travaillé, serait une œuvre immortelle dans son genre. Voulez-vous essayer ? Chaque morceau serait signé de son auteur et la différence, si grande, de l’âme et du cœur sortirait, belle et brillante, de la comparaison des deux poésies. »

N’ayant que l’âme, il laisse à Rouffet le cœur ; et l’on verra qu’il fait ce partage non sans grandeur :


L’histoire du cœur est la partie la plus intime et la plus nuancée ; elle vous reviendrait de droit. Celle de l’âme comme je la conçois, reposant entièrement sur la contemplation divine et humaine, possède autant de magnificence et de sublimité que le cœur renferme l’harmonie et de grâce ; je m’en chargerais.


Il s’agit de réunir pour un volume les poésies que l’on s’est échangées par lettres depuis 1838. Leconte de Lisle copie « le précieux manuscrit », qui formera un in-octavo de 1 500 vers : il en a les mains brisées de fatigue. Il faut que le papier du livre soit « très beau, du moins blanc et propre, et que l’impression ne défigure pas la première œuvre ». On agite les questions de savoir si l’on vendra « la propriété littéraire » ou si l’on cédera la moitié des exemplaires au libraire. — Et d’abord quel titre portera « la première œuvre » ? Jusqu’ici on a toujours parlé de le Cœur et l’Âme, mais Charles Leconte a pensé à les Rossignols et

  1. Noter le rapprochement des termes.