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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/104

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LECONTE DE LISLE

le Bengali : le rossignol ferait allusion à celui des deux chanteurs qui est né en France ; bengali à l’enfant qui s’éveilla au jour sous la rosée du ciel créole. « Deux raisons combattent en faveur (de ce titre) : d’abord — et ce n’est pas peu de chose aux yeux de la foule — ce sont deux mots qui frappent brillamment l’oreille et l’œil et qui promettent de la poésie. » Et il y a une pièce justificative de ce titre. Le rossignol européen demande au bengali :


Viens-tu, doux messager de l’Orient sacré,
Dire au pâle Occident les clartés de l’Aurore ?


Et l’oiseau tropical, « le rossignol oriental » répond avec modestie :


De l’enceinte des cieux je n’ai nulle mémoire ;
Mais, guidé vers ces bords par des chants merveilleux,
Mon cœur vous devinait : n’êtes-vous pas la gloire ?
Ô rossignols divins, j’ai fui mon ciel natal
Pour ouïr vos accents que j’aime et que j’admire :


Mais cela pourrait être encore, sinon les Effusions du cœur, — que Charles Leconte repousse comme trop élégiaque, — Deux voix du cœur. Sourire et tristesse. On écrit à Gosselin, l’éditeur de Lamartine, et on garde assez d’espoir puisque, avant même que ce premier recueil ait trouvé son libraire, Charles Leconte projette un nouvel ouvrage. Il s’agirait d’un poème spiritualiste et artistique qui aurait pour titre : les Trois Harmonies en une ou Musique, Peinture et Poésie. On tâcherait d’y prouver que ces trois grandes parties ne forment qu’un tout, qui est l’Art. Voici quel serait le plan : — Invocation à l’harmonie générale