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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/140

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LECONTE DE LISLE


C’était l’heure divine où le soleil n’est plus.


Elle l’est aux heures où elle saisit le cœur par l’équilibre de son harmonie


Quand ce reflet divin, le calme, prend les cieux.


De même que Dieu est ce qui nous appelle, nous élève, nous fait tendre au delà de nous-mêmes, de même tout ce qui s’exhale de la terre vers la lumière est divin : l’aigle est « le noble enfant de Dieu » ; la liane rose aux pentes des ravines a « des arômes divins ». À vrai dire, déjà quoique connaissant encore très peu la poésie grecque il use d’une façon toute païenne de l’épithète divin :


Et des cygnes divins on n’entend plus, parfois,
Les chants tomber des cieux comme aux jours d’autrefois.


On pourrait se laisser tromper par son vocabulaire poétique de « Séraphins, archanges, anges, Seigneur, Israfil, enceinte céleste, sanctuaire » si l’on ne songeait que, déjà soucieux de réaliser la synthèse de toutes les imaginations ou religions du monde, il n’a pu toutefois se nourrir encore que de la légende biblique et chrétienne, dans ses lectures de Milton, Byron, Dante, Chateaubriand, Lamartine et Lamennais, — Lamennais l’excommunié. Telle fut la qualité de sa culture générale en Bretagne. On verra à quelle heure de sa vie et en quel milieu il médita l’éblouissante révélation de la légende hellénique et de la légende aryenne, dont devait se compléter son génie d’intégralité.


*


Pas plus d’ailleurs que sur ses idées philoso-