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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/141

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phiques, le milieu breton, clérical et royaliste, n’agit sur ses idées politiques. En 1839, dans le poème : Trois Harmonies en une, qui est la synthèse de ses goûts en peinture, en sculpture, en poésie, et comme son jeune manifeste littéraire, il distinguait particulièrement en Dante :


Le tribun combattant pour la liberté morte
Le Dieu qui, de l’enfer, brisa la vieille porte.


En 1840, dans ses lettres à Rouffet, il portait sur Napoléon le même jugement sévèrement, strictement républicain que celui relevé dans la lettre à Adamolle lors de l’escale à Sainte-Hélène :


Le gouvernement vient d’obtenir de l’Angleterre la permission de transporter en France les cendres de l’empereur. On l’ensevelira dans l’intérieur des Invalides et Victor Hugo s’est chargé de l’hymne d’apothéose. Tout cela est magnifique ; mais, comme je ne suis pas républicain pour des prunes, j’ai fabriqué ceci :

LES CENDRES DE NAPOLEON :


……Cendre de l’aigle, arrête ! Il n’est pas encor temps.
Ne viens pas rappeler qu’il étouffa, vingt ans,
La Vierge-Liberté qui naissait sur le monde !
Ne viens pas rappeler qu’en un jour triomphal
Il plongea dans son sein le glaive impérial.
Dont jadis pour la France elle arma sa main libre,
Lorsque, du ciel romain fendant l’azur doré,
Sous les triples couleurs de l’étendard sacré,
Il rappelait la gloire aux rives du vieux Tibre !


Directeur d’une petite revue bretonne, soucieuse d’attirer des abonnés, il n’a cependant pas craint de se prononcer en faveur de la Révolution :