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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/143

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Sachant la fin de tout, se croyant en soi-même
Assez fort pour tout voir et pour tout épargner.
Lui qu’on n’exile pas et qui laisse régner !


Cet Oriental qui a lu les Lettres persanes ajoute : « Il y avait quelque chose de profondément pénible pour le cœur dans la pensée que cette multitude si curieuse et si insouciante des besoins de la vie allait se réveiller le lendemain avec le sentiment de sa détresse, rendu plus vif encore par le souvenir des futiles prodigalités de la veille. »

*

La Variété ne dura qu’un an : en mars 1841, elle cesse de paraître. Leconte de Lisle, déçu, reprend ses cours à la Faculté de Droit, se ferme dans sa chambre pour travailler, et le soir seulement se réunit avec quelques amis. Son père s’est réconcilié avec lui. Mais l’oncle de Dinan, qui ne cesse de l’accabler dans ses lettres adressées à Bourbon, ne veut rien lui remettre des sommes que son père lui destine. En vain, Leconte de Lisle assure-t-il qu’il ne vend plus ses habits : on le laisse « sans le moindre argent », il demande que son oncle lui fasse parvenir « cinq francs, cinq francs au moins ». En septembre, il « manque absolument de tout », il n’a plus de quoi se faire tailler la barbe et comme il a eu de la tièvre, il a été « obligé d’avoir recours a la bonne volonté d’un ami pour avoir un peu de sirop ».

Il subit les premières épreuves d’une misère stricte qui, au lieu d’affaiblir son caractère, le dur-