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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/163

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de bien nous rendre compte de la substance et de la nature de l’Être ; ce qui est une toute autre atfaire. » En attendant, Dieu, non le Dieu de tous, mais « le Dieu vrai », c’est encore pour lui le Juste, le Bien, le Vrai absolus, c’est « l’absolu ». Il écrit dans une lettre de la même époque : « le calme est en Dieu et Dieu est hors le temps. » C’est l’absolu, qui est impérissable, d’essence éternelle, l’infini. Elle est assez explicitera lettre du 18 janvier 1845, où il écrit :


Tu me parles des joies factices de l’homme en opposition à ses joies réelles… S’il existe des joies factices, ce sont évidemment celles qui nous font défaut le plus souvent ; celles qui s’évanouissent sans que nous sachions comment, et disparaissent de même, car nous ne saurons ni d’où elles viennent ni pourquoi elle nous délaissent ; — celles enfin qui, d’un temps immémorial, grossissent de plaintes banales le bagage philosophique des rabâcheurs de tous les siècles ; et que ces joies vraiment factices ne sont autres que les amours, les amitiés et les ambitions vulgaires de l’homme. Nous avons dit mille fois tous deux, et des millions de pauvres créatures ont répété et répéteront encore : — « Quoi de plus vain que l’ambition, de plus fugitif que l’amour, de plus incertain que l’amitié » — Et cela est vrai, car ni l’amour, ni l’ambition, ni l’amitié vulgaires n’ont de bases certaines et tous retombent dans leur néant aussi promptement qu’ils en sont sortis !

Les joies réelles sont sûrement celles qui, une fois déduites, en nous, de principes lucides et inamovibles, ne nous abandonnent jamais entièrement, car notre vie y est attachée ; celles que les mille considérations sociales, les diverses positions du monde, la richesse ou