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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/185

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furie de fierté. Il se croit même près de le rencontrer :


Des cultes de ce monde apostat éternel,
Du désir infini marlyr héréditaire,
Malheur ! J’ai déchiré au livre paternel
La page où flanîboyait le divin commentaire !

Et pourtant, ô Seigneur, épris de liberté,
Je m’agite à l’élroit dans un cercle inflexible :
Je vous pressens, ô dieu de ma virilité,
Emprisonné longtemps au ciel inaccessible !

À l’encontre du blâme et du rire envieux.
L’idée éclate en moi d’une explosion telle
Qu’elle emporte, au delà d’un horizon trop vieux,
L’esprit contemporain dans sa faite immortelle !

Le globe sous mes pieds a tressailli d’amour !
L’intelligence humaine a déployé ses ailes I


Dans une sorte de pèlerinage en l’Allemagne protestante, il croit y comprendre que Dieu, c’est la vie patriarcale, la douceur et la simplicité de la famille. Mais il s’est encore trompé ; et il continue d’errer, l’âme amère et l’esprit fougueusement avide de dieu. Or l’Esprit de la Terre l’interpelle :


… Silence ! ou sache mieux, dans ta plaine élargie
Des maux universels déplorer l’énergie.
Souffrir d’un mal sublime est le sort glorieux
De qui, comme un guerrier, monte à l’assaut des cieux.


Et l’Esprit de la Terre, lui-même attelé au globe, « haletant et courbé sous la charge du monde », sait cependant avec espoir et enthousiasme révéler à l’Humanité les destinées meilleures :


Cesse ta morne plainte et songe. Humanité,
Que les temps sont prochains où de l’iniquité.
Dans ton cœur douloureux et dans l’univers sombre,