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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/203

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tion ? Que nous veut César ? Le droit vaut mieux !


Leconte de Lisle s’adresse alors aux rois de l’Europe et aux riches qui ne veulent entendre l’avertissement[1].


Et pourtant que de voix vous crient de prendre garde ! Que de mains généreuses se lèvent vers vous, prêtes à vous soutenir et à vous guider sur le sol agité de mouvements mystérieux ! Rois de l’Europe, les révolutions politiques n’ont point fait leur temps ; la guerre des gouvernements et des peuples ne décroît ni ne s’apaise, et voici qu’une autre guerre plus irrésistible et plus effrayante approche d’heure en heure, la guerre de celui qui n’a rien contre celui qui a tout ! Jamais nous ne vous le répéterons assez, jamais nous ne cesserons de vous poursuivre de cet avertissement terrible. Ce serait une lutte affreuse, sans merci, sans remords, la plus implacable et la plus juste des guerres ! Prévenez-la, vous le pouvez, pour votre gloire comme pour le bonheur de tous, ou prenez garde. Car, sans être prophètes, nous pourrons dire comme Jean-Jacques, et avec plus de certi-

    rament combatif, fils des régions tropicales, non des steppes mélancoliques sous des ciels plombés.

  1. Cf. le Voile d’Isis. La Pharaon y représente ostensiblement le monarchisme héréditaire.

    … Ô roi des chars guerriers, homme au cœur inhumain,
    Tes palais vacillants vont s’écrouler demain !
    Ouvre les yeux ! la nuit, la nuit lusçubre et lourde
    Etreint l’empire entier plein d’une rumeur sourde…
    Écoute, ô Pharaon ! la tempête a rugi
    Et fauche la moisson dans le sillon rougi.
    Ô roi, brise ton sceptre et ton glaive sanglant.
    Et sur le sol natal presse ton front tremblant…
    … Ton héritier chancelle, et les hauts monuments.
    Poussent jusques au ciel d’horribles craquements !
    — … Pharaon, le temps passe et tes paroles vaines.
    N’échauffent pas le sang qui se glace en tes veines !…
    Pharaon, Pharaon, le sceptre trop pesant
    Va tomber à jamais de ton bras faiblissant.