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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/204

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tude encore : Nous approchons de l’état de crise et du siècle des révolutions.

Beaucoup de nobles cœurs, dans les rangs privilégiés de la société présente, battent à l’unisson du cœur populaire, nous sommes heureux de le croire ; de belles et hardies intelligences aident puissamment au mouvement social. Il est donc possible qu’une rénovation pacifique et progressive mette bientôt fin aux douloureuses inquiétudes des masses. Mais si les avertissements étaient éternellement vains, si les souffrances du plus grand nombre devaient toujours frapper à des cœurs inexpugnables, nous tous qui confessons une même foi sociale, nous tous qui marchons en avant les yeux fixés sur un avenir glorieux, nous tous qui vivons de la vie des faibles et des déshérités, et que la lèpre du siècle n’a pas rongés, — souvenons-nous que nos pères ont combattu et sont morts pour le triomphe de la justice et du droit, et que nous sommes leurs héritiers.


La rareté des articles de Leconte de Lisle est indicatrice ; nul souci de prodiguer la copie, à l’ordinaire de toute adolescence fougueuse. Déjà l’art patient concentre, absorbe, toutes ses ardeurs expansives. Il n’écrit d’articles instantanés que sous la poussée violente de l’émotion à un grave événement. Tel le suivant, du 21 novembre 1846 :


UN DERNIER ATTENTAT CONTRE LA POLOGNE ?


La force, cette dernière raison du despotisme, avait amené par trois fois consécutives le dénombrement d’une nation héroïque, digue vivante contre laquelle s’était brisé l’envahissement des peuples barbares ; mais une ombre de la Pologne subsistait encore. La force a voulu