Aller au contenu

Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accomplir son œuvre tout entière, et la république de Cracovie a cessé d’exister, au mépris même des traités que 1815 avait imposés à l’Europe.

Les trois puissances, coupables de cette flagrante violation du droit européen, en ont-elles pesé l’importance ? Que diront les peuples spectateurs de cette grande et dernière iniquité ? Quoi ! des gouvernements brisent au gré de leur caprice un pacte solennel qu’ils n’ont observé que durant le temps où ce pacte injuste et brutal sanctionnait leur intérêt tyrannique ? Rien n’est stable ni sacré pour eux ?

Les trois puissances spoliatrices ont cédé à l’esprit de vertige : la coupe de leurs iniquités est pleine, et elles ne songent point sans doute qu’il suffirait d’un cri de réprobation de la France pour que l’Italie sortît de son morne sommeil. Il ne faut pas que les gouvernements oublient par trop ce qui constitue leur raison d’être, car les peuples sont de rudes logiciens qui se souviennent toujours !

Le coup d’État par lequel la république de Cracovie vient d’être anéantie doit provoquer l’éclatante protestation de la France et de l’Angleterre. Déjà l’Allemagne et la Prusse se sont vivement émues. La brutale oppression et le mépris du droit sont dans un des plateaux de la balance européenne, que la juste indignation des peuples pèse dans l’autre, ou tout est perdu, honneur et liberté !


Dans le troisième de ses articles, celui du 28 novembre, comme dans le premier, guerre à l’argent, à la ploutocratie, au clergé enrichi des misères humaines. Âprement, et avec l’implacabilité justicière, il dénonce les moyens de conquête des classes dévoratrices : la force des guerriers, l’hypocrisie