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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/297

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Par la forme souple de son corps, la liberté de sa vie, elle se sent l’égale de l’homme :


Le sein libre à demi du lin qui les protège
Une lumière au cœur et l’innocence aux yeux
Et la robe agrafée à leurs genoux de neige
Elles allaient, sans peur des hommes ni des dieux.


Vierge forte, elle ne reste pas prisonnière du gynécée, elle vit au grand air, parmi les hommes, associant à sa vigueur la grâce de son geste diligent, en sorte que le travail prend l’aspect léger et mélodieux d’une danse :


Les belles filles aux pressoirs
Portent sur leur tête qui ploie,
À pleins paniers, les raisins noirs ;
Les jeunes hommes sont en joie !
Ils font jaillir avec vigueur
Le vin nouveau des grappes mûres
Et les rires et les murmures
El les chansons montent en chœur.


Sobre de costume et frugale de goût, elle ignore l’oisiveté : elle est vendangeuse, moissonneuse, ou, comme Nausicaa, blanchisseuse au cours de l’eau (Khiron), ou pêcheuse (Peristeris). Quand cesse le travail qui les tenait réunies, elles unissent leur joie claire en un seul rythme,


Et toutes, délaissant la fontaine ou les champs,
Charment au loin l’écho du doux bruit de leurs chants

(Chiron.)


ou elles dansent : rarement Leconte de Lisle évoque solitaires les vierges grecques ; ils les voit toutes légères, droites et un peu penchées, accordées