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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/307

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vers les doctrines nouvelles au point de déconcerter la protection amicale du roi, et il appelait son roi la haine des messieurs de la Sorbonne « à qui imprimer du grec était déjà chose un peu suspecte[1] ».

Henri Estienne écrit une Apologie pour Hérodote qui n’est qu’un pamphlet contre les mœurs du siècle « où ne sont épargnés ni les princes, ni les papes, ni les prêtres, ni surtout les moines ». C’est l’helléniste Ramus, victime de la Saint-Barthélémy, qui inaugure la liberté philosophique dans les discours d’ouverture de ses cours au collège de France, interprétant contre la scholaslique le même Platon qui avait suscité l’athéisme de Bonaventure des Périers. Du Vair, dans son discours sur l’éloquence française, cherchant les causes pour lesquelles elle demeure si basse, accuse en premier lieu « l’extension chaque jour plus grande du pouvoir royal et la diminution des libertés dont le jeu favorise le développement du talent oratoire dans les états républicains », et donne comme modèle l’antiquité. Dans son histoire de l’Hellénisme en France, Egger s’est étonné que les novateurs français de la Renaissance aient à ce point négligé les cinq siècles de littérature nationale qu’il y avait derrière eux. C’est que toute la poésie des trouvères ou troubadours, en grande partie monarchique ou aristocratique, ne présentait point, comme la littérature grecque, l’éloquence de la liberté aux Rabelais et

  1. Ces faits et citations ont en général été empruntés à l’histoire de l’Hellénisme en France d’Egger qui, cependant, songeait peu à les interpréter en ce sens.