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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/354

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couvrir Paris, Bazaine étant déjà bloqué dans Metz. Palikao nous a trompés indig-nement, et le voilà disparu à son tour. Nous nous battrons ici, mais que fera Paris écrasé de bombes, entouré par cinq ou six cent mille hommes, si les provinces ne nous dégagent pas ? Les armes nous manquent. C’est la fin de la France, et au milieu de quelle honte !…

Son patriotisme rage comme celui de Flaubert, saigne comme celui de Georges Sand dans leurs admirables lettres de 1870, ce déchirement de conscience par lequel se révélèrent à eux-mêmes, aux coups qui les frappaient, les sentiments fonciers et généraux dont se nourrissait leur génie impersonnel, cette grande, profonde, poignante leçon — ces lettres plus encore que les événements — pour les générations anémiées d’aujourd’hui auxquelles l’expérience d’une vie laborieuse n’a pas su donner avec le contact la connaissance de la réalité, le sens de ce qu’il y a de réel et d’idéal, d’humanitairement combatif dans le dévouement à la patrie française. Le stoïcisme républicain de 1793 soutenait le courage, taisait les supplications à l’Europe, conseillait l’énergie de ne compter que sur soi. « L’Europe attendra pour intervenir diplomatiquement (souligné par L. de L.) que la moitié de Paris soit en feu… Il y a peu de chances pour que la province vienne à notre aide. Au bout du compte, nous tâcherons de nous suffire jusqu’au dernier moment !… Espérons encore. Il n’est pas possible que la France disparaisse. Si j’étais demain dictateur de Paris, on verrait ce que c’est que d’avoir des idées absolues… J’ai déjà entendu de gros