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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/355

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bourgeois parler de se rendre[1]… » Il faut se défendre avec fanatisme. « Les hommes qui sont à la tête de la République ne semblent pas avoir l’énergie nécessaire pour les circonstances. Si on veut que Paris se défende et donne le temps au pays d’arriver, ce ne sont pas les forts et les fortifications qui suffisent. Il faut songer à bien recevoir l’ennemi dans la ville elle-même, faire sauter vingt mille maisons au besoin, occuper toutes les grandes voies de cette immonde canaille d’Haussmann par de formidables barricades et faire payer aux Prussiens leur victoire probable par un tel massacre qu’ils n’entrent ici que sur nos cadavres à tous. Mais, hélas ! rien ne sera fait de ce qu’il faudrait faire. »

D’ailleurs « tout le monde ici est résolu[2]. S’ils entrent, ce sera en marchant sur les cadavres de 500.000 gardes nationaux, soldats et mobiles. Que la province se lève et vienne à notre aide, et pas un de ces Barbares ne repassera le Rhin ».

Le siège commence. Depuis plusieurs semaines Leconte de Lisle accomplit avec dévouement son devoir de garde national ; littéralement « rompu aux fatigues du siège », il passe ses nuits, sans un abri, à la pluie et au froid, entendant autour de lui les ponts de toute la banlieue qui sautent : « Je vous prie de croire que ces détonations étaient horriblement lugubres dans le silence des fortifications. Si j’en réchappe, il m’en restera de profondes

  1. Lettre du 16 septembre.
  2. Souligné par L. de L. Lettre du 26 sept.