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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/448

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venir, selon son rêve, mourir et reposer au pays des premiers enchantements, mais il cria dans son œuvre à homme moderne qu’il est un chemin menant au bonheur, celui qui le conduira au milieu de cette nature splendide et nouvelle ; il s’éteignit sur l’espérance d’une époque où l’humanité convertie marcherait à nouveau vers la première patrie de félicité, s’y établirait à l’image des ancêtres vertueux et robustes. Il fut un homo novus à la façon d’un apôtre en qui parlent la jeunesse et la vertu éternelle de la Terre. Si vraiment, comme affirme Baudelaire, on ne peut reconnaître dans son œuvre une origine « bourbonnaise », du moins est-il évident avec éclat qu’on y découvre une nature première et riche de toutes les facultés échues aux hommes de terres nouvelles.

« La rivière, la prairie, les bois qu’on a vus dans ses premières promenades, dit Taine, laissent au fond de l’âme une impression que le reste de la vie achève et ne trouble pas. Tout ce que l’on imagine ensuite part de là ; même il semble que tout soit là et que jamais le plein jour ne puisse égaler l’aurore. » Ceci s’applique excellemment à Leconte de Lisle. Il

    sortis au XVIIIe siècle des ouvrages tels que les Incas. » De telles lignes se passent de commentaires. — M. Jules Lemaître, qui parle également de l’influence profonde du pays natal, écrit qu’il y connut « la rêverie sans tendresse » : une tendresse infinie et voluptueuse nous semble au contraire imprégner l’œuvre du poète. Il n’est pas moins littéraire d’écrire : « La Cybèle orientale est dure, fixe, métallique… Il la décrit comme un enchantement des yeux par où le cœur n’est point sollicité… Un spectacle trop brillant qu’on regarde sans trêve » : et les invocations à la fin de chaque poème ?