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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/73

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L’ADOLESCENCE EN BRETAGNE

persiste jusqu’à midi qui verdit le granit des tours ; les cloches de Saint-Sauveur, de l’église Saint-Malo, ont, le soir, une répercussion longue et cuivreuse qui meurt sur des soleils couchants d’Extrême-Orient. Et, que la nuit, le vent de mer s’engouffre et siffle au courant d’air des ruelles, que les grandes voiles de la pluie claquent sur les toits d’ardoises et fasse grincer les girouettes de fer à la façon des mouettes, alors le créole, repris par la mer, se reporte au pays, réentend le caverneux mugissement de l’Océan Indien, le grondement des forêts mouillées et des ravines, le bourdonnement tournoyant du cyclone, à quoi va succéder le silence pesant et vide de l’accalmie. Dans sa petite chambre ébranlée par le vent, il a fermé son Byron et écoute l’ouragan.

L’enfant, à lui-même abandonné en l’île natale, sur la terre lointaine a besoin de la tendresse et de la surveillance de parents. L’oncle de Dinan est de nature « un peu sèche, de correction bourgeoise un peu étroite, de principes un peu durs », « le type de l’avoué pointilleux d’une petite ville[1] ». Cet honorable officier ministériel réunit les qualités que la sagesse administrative requiert pour les hautes magistratures municipales. Il est nommé, le 7 juillet de cette même année 1887, maire de Dinan. Respectueux des pouvoirs établis, gourmé d’officialité, grincheux prud’homme, on l’imagine accueillant le jeune homme tout bouillonnant de ferveur républicaine. Ce jouvenceau turbulent trouble la paix de

  1. Tiercelin. op. cit.