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Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes tragiques.djvu/199

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LES ÉRINNYES.

AGAMEMNÔN.

Cette pourpre t’est due, et plaît aux Dieux. Écoute,
Femme ! Garde en ton cœur ma parole : obéis !
L’âpre terre, le sol bien aimé du pays
M’est un chemin plus sûr, plus somptueux, plus large.
J’ai, sans ployer le dos, porté la lourde charge
Des jours et des travaux que les Dieux m’ont commis,
Et n’attends au retour rien que des cœurs amis.
Ni flatteuses clameurs, ni faces prosternées !

Montrant Kasandra.

Regarde celle-ci. Les promptes Destinées
Sous les pas triomphants creusent un gouffre noir,
Et qui hausse la tête est déjà près de choir.
Donc, fille de Léda, sois douce à l’Étrangère,
Rends moins rude son mal et sa chaîne légère ;
Car les Dieux sont contents quand le maître est meilleur,
Et le sang des héros a nourri cette fleur
Sur un arbre royal dépouillé feuille à feuille.
J’entre. Que la maison me sourie et m’accueille,
Sorti vivant des mains d’Arès, le dur Guerrier !
Et vous, recevez-moi, Daimones du foyer !

Il entre dans le palais, suivi des guerriers, des matelots, des captifs et des captives.