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Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes tragiques.djvu/198

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POÈMES TRAGIQUES.

Cette pourpre qui mène au palais des aïeux !

Les femmes de Klytaimnestra étendent des tapis de pourpre devant Agamemnôn.


AGAMEMNÔN.

Je te salue, Argos, de lumière fleurie !
Salut, temples, foyers, peuple de la patrie !
Et vous qui de l’opprobre et de l’iniquité
Avez gardé mon toit depuis longtemps quitté,
Zeus ! Hermès ! Apollôn, Prince aux flèches rapides !
Je vous salue, amis divins des Atréides,
Qui dans l’épais filet patiemment tendu
Avez amoncelé tout un peuple éperdu,
Et qui faites encore, au milieu des nuits sombres,
La tempête du feu gronder sur ses décombres !
Pour toi, femme ! ta bouche a parlé sans raison :
J’entrerai simplement dans la haute maison ;
Je veux être honoré, non comme un Dieu, non comme
Un roi barbare enflé d’orgueil, mais tel qu’un homme ;
Sachant trop que l’Envie aux regards irrités
Rôde dans l’ombre autour de nos félicités.
Il convient d’être sage et maître de soi, femme !


KLYTAIMNESTRA.

Chère tête, consens ! J’ai ce désir dans l’âme.
Puisque les jours mauvais ne sont plus, il m’est doux
D’honorer hautement et le maître et l’Époux
Et le vengeur d’Hellas. Roi des hommes, sans doute
Cette pourpre t’est due, et plaît aux Dieux.