Aller au contenu

Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes tragiques.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
POÈMES TRAGIQUES.

Meute qui vas, hurlant sans relâche, et qui lèches
Des antiques forfaits les traces toujours fraîches !
Viens ! viens ! Il va tomber sous la hache, et crier
Son dernier cri, le Roi des hommes, le guerrier
Brave et victorieux, sous qui s’est écroulée
Ta muraille, Ilios, hautement crénelée !
Ô mon peuple, ô mon père, ô mes frères, voyez
Et réjouissez-vous : vos maux sont expiés.
Ah ! ah ! Le Chef divin, le destructeur des villes,
Il s’est pris au riant visage, aux ruses viles,
À la bouche qui flatte, à l’œil faux, à la main
Qui caresse et l’assomme inerte au fond du bain !


EURYBATÈS.

Malheureuse ! tais-toi ! Ta parole est terrible.


TALTHYBIOS.

Passe, avant de parler, tes oracles au crible,
Divinatrice ! ou clos ta bouche avec ton poing.


KASANDRA.

Misérables vieillards, ne m’écoutez donc point.
Et toi ! toi dont l’œil d’or dans mes yeux se reflète,
Reprends ton sceptre avec ta double bandelette,
Céleste Archer !

Elle jette son sceptre et arrache ses bandelettes.

Céleste Archer ! Je sens le souffle de la mort,
Et ma chair va frémir sous le couteau qui mord,