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Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes tragiques.djvu/223

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LES ÉRINNYES.

Il vengera d’un coup son père avec sa sœur.


ÉLEKTRA.

Ô parole sacrée et pleine de douceur !
Orestès est vivant ?


ORESTÈS.

Orestès est vivant ? Femme, il vit. Je l’atteste.


ÉLEKTRA.

Ô Dieux, cachez-le bien à ce couple funeste !
Mais, Étranger, d’où vient que tu parles ainsi ?
Dis-tu vrai ? Mon cœur bat, mon œil est obscurci.
Ne me trompes-tu pas ? As-tu suivi sa trace ?
Orestès ! Lui ! L’espoir unique de sa race !
Il respire ? Ô mes yeux, de larmes consumés !
Que je le voie, et meure entre ses bras aimés !


ORESTÈS.

Chère Élektra, c’est moi ! Je suis ton frère. Écoute !
Qu’il n’y ait dans ton sein ni tremblement ni doute :
Reconnais-moi, je suis ton frère ! Oui, par les Dieux !
Crois-en les pleurs de joie échappés de mes yeux,
Et le cri de ton cœur. Je suis ton sang lui-même,
Ton souci, ton regret, et ton espoir. Je t’aime !
Ô Princes, qui siégez dans la hauteur du ciel,
Soyez témoins ! Et toi, sépulcre, saint autel,
Et toi, vieille maison des aïeux ! rochers sombres,