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Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes tragiques.djvu/229

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LES ÉRINNYES.

ÉLEKTRA.

Est-ce l’homme ? C’est lui.


KLYTAIMNESTRA.

Est-ce l’homme ? C’est lui. Certes, j’ai vu ces yeux
Dans mes songes ! Cet homme a le front soucieux.
C’est quelque mendiant vagabond, plein de honte
Ou de frayeur. — Approche, Étranger. On raconte
Que tu nous portes un bruit de mort. Est-il vrai ?
Je suis Klytaimnestra. Parle ! Je t’entendrai.


ORESTÈS.

Noble femme, il est dur, et sans doute peu sage,
D’apporter brusquement un funèbre message,
Et c’est répondre mal au bienveillant accueil
Que de parler de mort sur les marches du seuil ;
Mais je pense que, si la nouvelle est mauvaise,
Elle est d’un intérêt trop grand pour qu’on la taise.


KLYTAIMNESTRA.

Tu penses prudemment. Rassure tes esprits :
Par quelque autre, plus tard, nous aurions tout appris.
Notre hospitalité ne t’en est pas moins due.


ORESTÈS.

Reine, je cheminais dans la montagne ardue,
En Phocide, et non loin de Daulis. Vers le soir,
Près de moi, sur la route, un homme vint s’asseoir,