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POÈMES TRAGIQUES.

Déjà vieux, et courbé sur un bâton d’érable.
Nous causions. Il me dit : « Un Dieu m’est favorable,
« Ami, puisque tu vas au pays argien.
« Mon nom est Strophios, de Daulis. Garde bien
« Ce nom dans ton oreille, afin que l’on te croie ;
« Car, souvent, qui se fie en aveugle est la proie
« De la ruse, et les soins tardifs sont superflus.
« Va donc. Dis aux parents d’Orestès qu’il n’est plus,
« Que dans l’urne d’airain sa cendre est enfermée ;
« Et sache de sa mère auguste et bien aimée
« S’il faut que je la rende, ou la garde en ces lieux.
« Ce qu’elle ordonnera serait fait pour le mieux ».
Reine, ainsi m’a parlé le vieil homme. J’ignore
Le reste. Mais, demain, dès la première aurore,
Je retourne à Daulis. Que dirai-je en ton nom ?
Veux-tu qu’il rende l’urne où sont les cendres ?


KLYTAIMNESTRA.

Veux-tu qu’il rende l’urne où sont les cendres ? Non.
Tu diras qu’il la garde, et qu’il l’ensevelisse.


ÉLEKTRA.

Ô race misérable et vouée au supplice !
Mon frère, ma dernière espérance ! Je meurs.


KLYTAIMNESTRA.

À quoi sert de pleurer ? À quoi bon ces clameurs ?
Les cris n’éveillent point les morts.