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Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/151

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TROISIÈME PARTIE.

Touchez mes belles mains, parlez ! Si je sommeille
Vos chères voix seront douces à mon oreille.
Eveillez-moi ! L’horreur du songe où je gémis
Fuira si je repose entre vos bras amis.
Main non, non ! ce n’est point un vain songe ; ma honte
Est certaine. Le flot inévitable monte ;
Rien ne peut m’arracher à cet embrassement
Mortel ! Je vais mourir ! Ô Daimôn inclément,
Qui me vois, malheureuse, à tes pieds abattue,
Toi qui m’aimas jadis, c’est ta main qui me tue !
Loxias Apollon, Dieu cruel, Roi du Jour,
J’ai vécu de ta haine et meure de ton amour !


PREMIÈRE FEMME.
PREMIÈRE STROPHE.

Dernière Fleur des Érékhthides,
Ô Reine, enfant des Rois anciens,
Que n’ai-je les ailes rapides
Des grands aigles Ouraniens !
Je t’emporterais par les nues
Jusques aux rives inconnues
Où l’homme et les Dieux sont meilleurs.
Où le temps qui charme les peines
Te verserait à coupes pleines
Le doux oubli de tes douleurs.


KRÉOUSA.

Je ne l’ai point revu ! Parmi ces fronts sévères,
Le sien ne brillait point sous ses boucles légères.