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Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/219

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QUATORZIÈME STATION


Jésus est mis dans le tombeau.



Et sur la pierre nue et désormais sacrée,
Pierre de Fonction des siècles vénérée,
Pour rendre à ta dépouille un funéraire honneur,
Les disciples pieux détendirent, Seigneur !
Une eau vive, effaçant les traces de l’outrage,
Lava tes membres froids et ton pâle visage ;
Et l’encens qui brûla sur ton berceau divin,
La myrrhe et l’aloès parfumèrent ton sein ;
Et répandant sur toi les sanglots de leurs âmes,
Dans un suaire neuf et blanc, les saintes femmes
T’ayant couché, Jésus, abaissèrent tes yeux
Qu’elles n’espéraient plus voir se rouvrir qu’aux cieux !
Et la Vierge, puisant dans son amour lui-même
La force de t’offrir cet hommage suprême,
Se dressant sous le poids de ses maux surhumains,
Voulut les assister de ses tremblantes mains !

Dans le roc vif, non loin, nouvellement creusée,
Une grotte s’ouvrait, au Levant exposée ;