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Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/222

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le sang. Tant que Zeus restera dans la durée, qui aura commis le crime l’expiera. Cela est à jamais ainsi. Qui peut chasser de sa demeure une race légitime ? Elle en est inséparable, elle y est indissolublement attachée.

Klytaimnestra.

En vérité, il en est ainsi. Certes, je jure au Daimôn des Pleisthénides que je supporterai cette destinée, bien qu’elle soit lourde. Que ce Daimôn sorte donc d’ici, et qu’il aille épouvanter d’autres races par des égorgements mutuels ! Il me suffit de la plus petite part de nos richesses, pourvu que je détourne de nos demeures la fureur des égorgements mutuels !


Aigisthos.

Ô bienheureuse lumière de ce jour qui m’a apporté la vengeance ! Maintenant, je croirai qu’il est des Dieux vengeurs qui regardent d’en haut les misères des hommes ! Je vois, en effet, cet homme étendu mort dans la robe des Érinnyes, et cela m’est doux, car il a expié les fureurs de son père. Atreus, le roi de cette terre, le père de cet homme, a disputé la puissance à Thyestès, pour le nommer clairement, à mon père qui était son propre frère, et l’a chassé des demeures paternelles. Et le malheureux Thyestès, ayant été rassuré sur sa vie, revint en suppliant à ce foyer, où, mort, il ne devait pas souiller de son sang le sol de la patrie. Et le père de cet