Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/223

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homme, l’impie Atreus, cachant la haine sous l’amitié et préparant des viandes comme pour un jour de fête, lui donna à manger la chair de ses enfants ! Assis au haut bout, Atreus, joyeux, coupait et partageait les doigts des pieds et des mains. Et voici que Thyestès, prenant ces morceaux qui ne pouvaient être reconnus, mangea un repas fatal, comme tu vois, à la race d’Atreus. Mais, s’étant aperçu du crime abominable, il poussa un gémissement et tomba, vomissant ce meurtre. Et il appela l’inexorable exécration sur les Pélopides, renversant la table et vouant par sa malédiction toute la race des Pleisthénides à la mort. Et c’est pourquoi tu peux voir cet homme égorgé, et c’est moi qui l’ai tué justement. J’étais le troisième enfant de mon malheureux père, et je fus chassé avec lui, tout petit dans mes langes. Devenu homme, la Justice m’a ramené, et j’ai tendu des embûches à celui-ci, et, bien qu’absent, j’ai tout mené à fin. Aussi, maintenant, je trouverai la mort belle, puisque je vois cet homme enveloppé dans le filet de la Justice !

Le Chœur des Vieillards.

Aigisthos, je ne respecte pas l’insolence dans le crime. Tu dis que tu as tué cet homme, et que, seul, tu as médité ce meurtre lamentable ! Certes, j’affirme que ta tête n’échappera point au jugement. Sache-le, tu seras condamné par le peuple à être lapidé.

Aigisthos.

Parles-tu donc si haut, toi qui es assis au dernier aviron, quand d’autres commandent et tiennent la barre