Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/312

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LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.

Zeus, d’après ce que tu dis, t’avait dicté l’oracle par lequel tu as ordonné à cet Orestès de venger le meurtre de son père, sans respect pour sa mère ?

APOLLÔN.

Ce n’est point la même chose que de voir une femme égorger un vaillant homme honoré du sceptre, don de Zeus, et qui n’a point été percé de flèches guerrières lancées de loin, comme celles des Amazones. Écoute, Pallas ! Écoutez aussi, vous qui siégez pour juger cette cause. À son retour de la guerre d’où il rapportait de nombreuses dépouilles, elle l’a reçu par de flatteuses paroles ; et, au moment où, s’étant lavé, il allait sortir du bain, elle l’a enveloppé d’un grand voile, et elle l’a frappé tandis qu’il était inextricablement embarrassé. Telle a été la destinée fatale de cet homme très-vénérable, du Chef des nefs. Je dis que telle elle a été, afin que l’esprit de ceux qui jugent cette cause en soit mordu.

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.

Zeus, d’après tes paroles, est plus irrité du meurtre d’un père que de celui d’une mère. Mais, lui-même, il a chargé de chaînes son vieux père Kronos. Pourquoi n’as-tu point opposé ceci à ce que tu as dit ? Pour vous, vous l’avez entendu ; je vous prends à témoin.

APOLLÔN.

Ô les plus abominables des bêtes, détestées des Dieux !