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Page:Leconte de Lisle - Premières Poésies et Lettres intimes, 1902.djvu/170

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et lettres intimes


         Ah ! perle de l’onde azurée,
         Si vers l’aurore diaprée
         Tu touches la rive sacrée,
         Hélas ! que j’ai fui sans retour,
         Ô ma précieuse nacelle,
         À chaque souffle ouvre ton aile :
         Mon cœur te conduira vers elle,
         Car tu lui portes mon amour.



SOLITUDE


Silences de la nuit, temples de la pensée,
Immortelles clartés, lustres mystérieux,
Vous êtes beaux et doux à notre âme oppressée,
Quand ce reflet divin, le calme, prend les cieux.
Vous êtes beaux et doux, sommeil des monts sublimes,
Esprits, dont l’aile passe en nos rêves brûlants,
Aigles qui tournoyez au-dessus des abîmes
Et plongez tout à coup au sein des glaciers blancs.
Oh ! vous êtes si grands qu’à peine on peut vous croire.
Pourtant, tel est l’éclat de vos vastes splendeurs
Que l’âme, en son ivresse, unie à votre gloire,
Se surprend à rêver d’ineffables bonheurs !

Ô mon Dieu, se peut-il que l’homme vous renie !
Vous dont la main puissante a dispensé pour nous
Votre amour dans les cœurs, dans les cieux l’harmonie,
Sur la terre ces monts qui retournent à vous ?