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Page:Leconte de Lisle - Premières Poésies et Lettres intimes, 1902.djvu/175

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premières poésies

De l’éclatante foudre elle note la voix,
Comme toi qui, trempant ton pinceau dans la nue,
Des immortels éclairs mis la flamme inconnue
                Aux voûtes des Pontifes-Rois !…

Grave et majestueux, dans la même auréole,
Mais plus haut cependant, plane un esprit divin :
À peine du passé la gloire le console,
Et comme sa douleur son nom est surhumain.
C’est le grand Florentin, mer à la vague ardente,
Qui maintenant aux cieux se roule indépendante,
Le sombre Alighieri,
Le tribun combattant pour la liberté morte,
Le Dieu qui, de l’enfer, brisa la vieille porte,
                Torrent de pleurs nourri.

Ô peintre du Giaour, toi, poète sévère !
Vous deux, qui cherchiez l’ombre et les orages noirs,
Toi, ceux de notre cœur, et toi, ceux de la terre,
Vous êtes deux éclairs qui brûlez dans nos soirs,
Ô Byron, ô Rosa, fils de l’onde marine !…
Masaccio, Weber, Corrège et Lamartine,
Enfants de l’harmonie, astres si glorieux,
Vous tous, venus à nous dans une heure céleste,
Hors un, vous n’êtes plus ; mais votre esprit nous reste,
                Comme un encens religieux.