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Page:Leconte de Lisle - Premières Poésies et Lettres intimes, 1902.djvu/216

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et lettres intimes

Ô joies de la libre pensée, longs et doux rêves que nulle ombre n’obscurcit, ravissements inaltérables, oublis de la terre, apparitions du ciel, que sont près de vous le bien-être matériel de la considération des hommes ? Ivresses intelligentes, que sont près de vous leurs grossiers bonheurs ?

Ils vous traitent d’inutilités, les insensés ! Et cette injure qu’ils vous jettent d’en bas devient leur propre châtiment, car elle donne la mesure de leur âme. Présents divins, parfums consolateurs, qu’importe à la pensée que vous avez choisie les blasphèmes de la foule ? Vous emporterez trop haut pour qu’ils parviennent jusqu’à elle.

Ô rayon de la poésie, vous brûlez parfois ; mais la souffrance que vous causez n’a rien de commun avec la douleur terrestre. Vous blessez et guérissez tout ensemble… Ô rayons, vous avez des ailes dont le souffle embaumé rafraîchit votre propre flamme.

Nous suivons une vie de pleurs et d’angoisses amères ; le sol est couvert de ronces et de