Est-ce un impassible qui a écrit :
Dieu triste, Dieu jaloux, qui dérobes ta face,
Dieu qui mentais, disant que ton œuvre était bon.
Mon souffle, ô pétrisseur de l’antique limon,
Un jour redressera ta victime vivace.
Tu lui diras : adore ; elle répondra : non.
Est-ce un impassible qui a dit :
Sombre douleur de l’homme, ô voix triste et profonde,
Plus forte que les bruits innombrables du monde,
Cri de l’âme, sanglot du cœur supplicié,
Qui t’entend sans frémir d’amour et de pitié ?
Et ceci encore :
Ah ! tout cela, jeunesse, amour, joie et pensée.
Chants de la mer et des forêts, souffles du ciel,
Emportant à plein vol l’espérance insensée.
Qu’est-ce que tout cela qui n’est pas éternel ?
L’impassible qui parle de la sorte est, il faut l’avouer, un impassible terriblement passionné.
Eh ! oui, l’œuvre de Leconte de Lisle est, d’un bout à l’autre, une œuvre de passion, —